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L’illectronisme, qu’est-ce que c’est ?

Illustration pour l'article de blog : les bonnes pratiques pour les examens en ligne
Par Guillaume C. 12 décembre 2025

L’illectronisme, qu’est-ce que c’est ?

L’illectronisme désigne l’incapacité, partielle ou totale, à utiliser les outils numériques du quotidien. Il renvoie à un manque de compétences dans l’usage d’un ordinateur, d’un smartphone ou d’Internet, et concerne des publics très variés, bien au-delà des seules personnes âgées.

Illectronisme en France, définition & chiffres.

L’illectronisme est défini comme l’absence de maîtrise des compétences numériques de base, indispensables pour effectuer des démarches en ligne, communiquer, rechercher une information ou utiliser un logiciel.

Selon l’enquête TIC 2021 de l’Insee :

  • 15 % des personnes âgées de 15 ans et plus sont en situation d’illectronisme.
  • 28 % ont des compétences numériques limitées (1 à 3 compétences manquantes).
  • Les publics les plus concernés sont les personnes âgées et les moins diplômés.

Le Baromètre du Numérique 2022 indique également que :

  • 54 % des Français rencontrent au moins une difficulté lors de démarches administratives en ligne.
  • 29 % n’ont accompli aucune démarche dématérialisée sur les 12 derniers mois.
  • 25 % estiment ne pas maîtriser suffisamment les outils numériques pour les utiliser de manière autonome.

Les conséquences vont au-delà des démarches administratives. L’illectronisme limite l’accès à l’emploi, à la formation, à la santé et à la vie sociale. Il réduit les possibilités de :

  • Chercher un emploi en ligne, répondre à une offre ou consulter un espace personnel (Pôle emploi, CPF).
  • Suivre une formation à distance, y compris dans le cadre de la formation professionnelle continue.
  • Accéder à des services de santé numériques (prise de rendez-vous, Dossier Médical Partagé).
  • Participer à la vie citoyenne, notamment en votant en ligne pour certains scrutins internes ou en utilisant des outils de consultation locale.
  • Communiquer avec son entourage via les applications courantes, ce qui accentue l’isolement des personnes concernées.

Illectronisme, un indicateur en recul mais encore élevé

Si l’équipement numérique progresse, la capacité à utiliser ces outils reste inégale. En 2025, selon une enquête de la Défenseure des droits :

  • Moins d’une personne sur deux réussit à faire ses démarches administratives en ligne sans aide.
  • Le phénomène touche autant les jeunes (18-34 ans : 51 %) que les seniors (55-79 ans : 53 %).
  • Les difficultés ne se limitent plus aux populations précaires. On observe une hausse chez les cadres (+86 %) et les diplômés de master (+75 %).

L’illectronisme de second niveau, qui concerne les personnes techniquement équipées mais dépassées par la complexité des démarches, devient un enjeu spécifique. Il accentue les risques de renoncement à certains droits, en particulier pour les aides sociales, les prestations familiales ou les remboursements de santé.

Agir contre l’illectronisme : un impératif pour une société inclusive

La dématérialisation des services renforce les exclusions si elle n’est pas accompagnée d’une politique d’inclusion numérique. De nombreux dispositifs publics, locaux et associatifs sont déployés pour y répondre.

Des dispositifs nationaux pour structurer l’action

Plusieurs mesures ont été mises en place par l’État :

  • 4 000 conseillers numériques France Services répartis sur le territoire.
  • Pass numériques pour financer des sessions de formation.
  • Espaces France Services dans les zones urbaines et rurales.
  • Développement de formations pour les aidants numériques (travailleurs sociaux, médiateurs, bibliothécaires).

Ces programmes visent à structurer une réponse de proximité, fondée sur l’accompagnement humain.

Un rôle central pour les collectivités locales

Les collectivités organisent des ateliers d’initiation, proposent un accès à du matériel connecté et interviennent dans les quartiers ou les zones rurales grâce à des bus numériques ou des espaces publics numériques.

Les bibliothèques municipales, en particulier, assurent une fonction d’accueil et de formation numérique à destination de tous les publics, avec une attention portée aux publics fragiles.

Le monde associatif en appui

Le tissu associatif joue un rôle déterminant :

  • Emmaüs Connect et WeTechCare développent des outils pédagogiques accessibles.
  • Des initiatives locales comme les cafés numériques ou les tiers-lieux permettent un apprentissage informel.
  • Certaines actions visent les publics prioritaires : personnes isolées, jeunes sans diplôme, demandeurs d’emploi, réfugiés.

Ces structures apportent une aide concrète et adaptée, là où les dispositifs publics sont parfois difficiles d’accès.

L’enjeu d’une accessibilité universelle

Pour répondre durablement à l’illectronisme, il est nécessaire d’adapter les services numériques à tous les profils d’utilisateurs. Cela implique :

  • Des interfaces simples et intuitives.
  • Des contenus accessibles linguistiquement et cognitivement.
  • La possibilité de joindre un interlocuteur humain en complément du numérique.

L’illectronisme soulève également des enjeux liés à l’autonomie numérique, à la protection des données, et à l’éthique des outils numériques, notamment avec l’émergence des interfaces pilotées par l’intelligence artificielle.

Garantir une inclusion numérique réelle ne passe pas seulement par la formation. Cela suppose une refonte des outils eux-mêmes, conçus pour intégrer les besoins des personnes peu à l’aise avec le numérique.