Créer un organisme de formation ne se résume pas à la déclaration administrative ou à la conception de contenus pédagogiques. Avant d’exercer légalement, plusieurs étapes préparatoires structurantes sont nécessaires.
Elles permettent de vérifier la viabilité du projet, d’anticiper les besoins techniques et humains, et de se positionner de manière cohérente sur un marché concurrentiel. Ces étapes sont également indispensables pour accéder à certains financements ou obtenir des partenariats.
1. Réaliser une étude de marché
L’étude de marché permet de fonder le projet sur des données concrètes. Elle consiste à analyser le contexte économique, les attentes des futurs apprenants et les offres concurrentes existantes. L’objectif est de proposer une offre pertinente, bien positionnée et adaptée à une demande réelle.
Elle permet notamment de :
- Identifier les besoins en formation sur un secteur d’activité, une région ou un public cible,
- Repérer les tendances émergentes, comme les formats numériques ou les compétences en tension,
- Analyser la concurrence, en observant les prix pratiqués, la qualité des prestations, les certifications proposées,
- Définir un positionnement clair : domaine d’expertise, modalités pédagogiques, public visé,
- Fixer une politique tarifaire adaptée, en tenant compte des attentes des clients et des possibilités de financement (CPF, OPCO…).
Cette étape aide à éviter les erreurs de ciblage ou de contenu, et à **construire une offre de formation cohérente** avec les réalités du terrain.
2. Élaborer un business plan
Le business plan est un document de référence qui synthétise l’ensemble du projet. Il permet de formaliser les choix stratégiques et de démontrer la faisabilité économique de l’activité. Il est également nécessaire pour obtenir des aides, des financements ou convaincre des partenaires.
Un business plan structuré comprend :
- Une analyse de marché issue de l’étude préparatoire : segments visés, données chiffrées, analyse de la concurrence,
- Une stratégie commerciale : canaux de distribution, positionnement, politique tarifaire, plan de communication,
- Une organisation des formations : présentiel, distanciel, blended learning, durée des sessions, planning prévisionnel,
- Un prévisionnel financier sur 3 à 5 ans : investissements initiaux, charges, chiffre d’affaires attendu, seuil de rentabilité,
- Un plan de financement : apports personnels, prêts bancaires, aides publiques, levées de fonds.
Ce document doit être réaliste et chiffré, mais aussi accessible à des interlocuteurs non spécialistes. Il est recommandé d’y inclure des indicateurs de suivi et des scénarios alternatifs.
3. Créer la structure juridique
La création de la structure juridique formalise l’existence de l’organisme. Le choix du statut doit être adapté à la taille du projet, au niveau d’investissement prévu et aux ambitions de développement.
Parmi les statuts possibles :
- Micro-entreprise : adaptée pour démarrer seul avec peu de charges, mais limitée en chiffre d’affaires et peu crédible pour les appels d’offres,
- SASU ou EURL : solutions unipersonnelles flexibles, permettant de séparer patrimoine personnel et professionnel,
- SAS ou SARL : adaptées aux projets avec plusieurs associés, à la recherche d’investisseurs ou à des structures évolutives,
- Association loi 1901 : possible dans une logique non lucrative, notamment si l’organisme vise l’insertion, l’accompagnement social ou éducatif.
Chaque statut a un impact direct sur :
- le régime d’imposition (impôt sur le revenu ou sur les sociétés),
- la protection sociale du dirigeant (travailleur non salarié ou assimilé salarié),
- la comptabilité (régime simplifié ou normal),
- la responsabilité (limitée ou illimitée).
Il est conseillé de se faire accompagner pour le choix du statut et la rédaction des statuts, en particulier dans le cas d’une société ou d’une association.
4. Concevoir l’offre de formation
L’offre de formation constitue le cœur de l’activité. Elle doit être structurée avec rigueur pour répondre aux attentes du public et être conforme aux obligations légales. Chaque action de formation doit faire l’objet d’un programme pédagogique formel, transmissible aux stagiaires avant leur inscription.
Ce programme comprend plusieurs éléments essentiels :
- Les objectifs pédagogiques : ce que les participants doivent savoir ou savoir faire à l’issue de la formation,
- Le public visé : salariés, demandeurs d’emploi, indépendants, etc.,
- Les prérequis nécessaires : compétences ou connaissances attendues avant l’entrée en formation,
- La durée et le calendrier : nombre d’heures, rythme, répartition des sessions,
- Le contenu détaillé : modules, thématiques abordées, activités proposées,
- Les méthodes pédagogiques : cours magistraux, ateliers, e-learning, jeux de rôle, accompagnement individualisé,
- Les modalités d’évaluation : quiz, mises en situation, dossier, évaluation à chaud ou à froid.
Une bonne conception pédagogique est aussi un critère d’éligibilité à la certification Qualiopi. Elle doit être structurée selon des normes précises.
5. Obtenir un Numéro de Déclaration d’Activité (NDA) auprès de la DREETS
La déclaration d’activité est obligatoire pour exercer légalement une activité de formation professionnelle en France. Elle doit être réalisée dans les trois mois suivant la première session de formation rémunérée. Cette démarche s’effectue auprès de la DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités).
Le dossier à déposer comprend :
- Un justificatif SIREN de l’organisme (extrait Kbis ou attestation INSEE),
- Un contrat ou une convention de formation déjà réalisée (preuve de la première session),
- Un programme de formation correspondant à l’action réalisée,
- Le bulletin n°3 du casier judiciaire du responsable légal,
- Les CV des formateurs impliqués dans la première action.
Une fois validé, le NDA est attribué à vie, sauf cessation d’activité. Il doit être mentionné sur tous les documents contractuels : factures, attestations de formation, conventions, site internet. Il ne constitue pas un agrément ou une certification, mais il est **indispensable pour accéder aux financements publics** ou mutualisés (CPF, OPCO, AIF…).
L’obtention du NDA marque l’entrée officielle de l’organisme dans le secteur de la formation professionnelle.