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Plagiat par traduction : comment éviter les erreurs courantes

Pédagogie
Illustration de l'article de blog : plagiat par traduction
Par Guillaume C. 14 mai 2025

L’essor des contenus multilingues et des outils de traduction automatique a rendu les ressources étrangères plus accessibles que jamais. Cela a favorisé l’émergence du plagiat translingue, souvent perçu à tort comme inoffensif. Traduire un article sans le reformuler ni en mentionner l’auteur initial revient pourtant à s’approprier une pensée qui ne nous appartient pas.

Ce phénomène s’inscrit dans un enjeu plus global lié à l’intégrité académique et aux examens en ligne. Pour mieux comprendre les risques et les bonnes pratiques, vous pouvez aussi consulter nos articles sur les stratégies pour prévenir le plagiat en contexte d’évaluation, les gestes à adopter pour éviter le plagiat, ou encore les différences subtiles entre paraphraser et plagier.

Citer ses sources : une condition pour donner du sens à une traduction

Traduire un texte ne signifie pas en être l’auteur. Chaque traduction repose sur une œuvre originale, dont le sens, le contexte et l’intention doivent être respectés. Mentionner la source initiale est donc indispensable pour comprendre pleinement le propos et situer l’information.

Omettre cette référence revient à présenter une idée comme sienne, sans rendre compte de sa provenance, ce qui fausse l’analyse. Citer permet non seulement de reconnaître le travail de l’auteur, mais aussi d’ancrer l’information dans une logique de recherche. Cela donne au lecteur la possibilité de remonter au document d’origine, de vérifier l’interprétation et de replacer les citations dans leur contexte culturel ou conceptuel.

Traduire sans citer, c’est effacer la filiation intellectuelle du contenu. Or, toute réflexion rigoureuse repose sur une chaîne de transmission explicite. La citation, dans ce cadre, ne relève pas d’une simple formalité, mais constitue un outil fondamental de compréhension et de légitimité.

Nos conseils pour éviter le plagiat par traduction

Le plagiat par traduction peut résulter d’une méconnaissance des règles autant que d’une volonté de dissimulation. Voici quelques repères pour éviter les dérives et adopter une pratique rigoureuse :

1. Toujours identifier la source du contenu traduit

Même si vous reformulez ou abrégez un texte, l’origine de vos informations doit toujours être clairement indiquée. Mentionner la source (titre de l’ouvrage ou de l’article, éditeur, date, URL le cas échéant) permet :

  • De respecter le droit moral de l’auteur et d’éviter toute accusation de « copier‐coller » ;
  • D’offrir à votre lecteur la possibilité de consulter le document original pour approfondir sa compréhension.

Astuce : placez la référence directement après la citation ou le passage traduit (entre parenthèses ou en note de bas de page), selon le style de citation en vigueur (APA, Chicago, etc.).

2. Utiliser ses propres mots

Traduire ne veut pas dire transposer mot à mot ! Pour prouver votre compréhension du propos et éviter la simple reproduction, vous devez :

  • Reformuler les idées avec votre propre vocabulaire et votre tournure de phrase ;
  • Conserver l’esprit et l’exactitude du contenu original sans en altérer le sens.

Exemple :
– Version mot à mot : « Le marketing digital se déploie à l’échelle mondiale ».
– Reformulation personnelle : « Les stratégies numériques s’étendent désormais à l’international. »

3. Préciser le nom de l’auteur et la langue d’origine

Indiquer l’auteur et la langue d’origine ajoute de la transparence et crédibilise votre travail :

  • Le lectorat sait immédiatement à qui attribuer les idées et peut, si besoin, consulter la version originale ;
  • Vous montrez votre rigueur académique en contextualisant la traduction dans son environnement culturel et linguistique.

Format type :
Traduction de [Titre de l’ouvrage], par [Nom de l’auteur], publié en [année] (texte original en [langue]).

4. Éviter les traductions automatiques brutes

Les outils de traduction automatique peuvent vous faire gagner du temps, mais :

  • Ils génèrent souvent des contresens ou des tournures maladroites ;
  • Ils ne remplacent pas votre responsabilité de citer la source, même si vous corrigez ensuite le texte.

Recommandation : utilisez-les comme brouillon, puis relisez et reformulez intégralement pour garantir exactitude et fluidité.

5. Recourir à un outil de détection fiable

Avant de soumettre un document, il est judicieux de le soumettre à un logiciel spécialisé capable de repérer les ressemblances multilingues :

  • Certains détecteurs comparent des textes dans plusieurs langues et signalent les passages proches d’une traduction
  • Corrigez ou reformulez les segments identifiés pour renforcer votre originalité.

6. Ne pas accumuler des extraits traduits

Même correctement référencés, un ensemble de citations traduites reste un collage de textes d’autres auteurs et peut diluer votre propre contribution :

  • Favorisez l’analyse, la synthèse et l’apport critique ;
  • Réservez les extraits longs aux cas où ils sont indispensables, et toujours avec discernement.

Bonne pratique : limitez les citations traduites à 10–15 % de votre document et complétez-les systématiquement d’un commentaire personnel pour illustrer leur pertinence.

Les sanctions en cas de plagiat, y compris par traduction

Le plagiat, y compris lorsqu’il prend la forme d’une traduction non créditée, est perçu comme une atteinte sérieuse à l’intégrité intellectuelle. Les conséquences varient selon le cadre dans lequel la faute est constatée, mais elles peuvent être durables, tant sur le plan académique que juridique.

Sanctions appliquées dans les établissements d’enseignement

Les universités et écoles disposent d’une large autonomie pour sanctionner les actes de plagiat. Après analyse du travail soumis, les instances disciplinaires peuvent prononcer :

  • Une note nulle, sans possibilité de nouvelle soumission.
  • Un avertissement formel ou un blâme inscrit au dossier.
  • Une exclusion temporaire ou définitive de l’établissement
  • Une annulation du diplôme, si le plagiat est détecté après l’obtention du titre.

Le plagiat par traduction est explicitement reconnu dans plusieurs règlements comme une forme de copie dissimulée.

Enjeux juridiques et sanctions prévues par la loi

Au-delà du cadre universitaire, le plagiat entre dans le champ de la contrefaçon, comme le prévoit l’article L122-4 du Code de la propriété intellectuelle. Cela inclut la traduction non autorisée ou sourcée d’un contenu original.

Les peines encourues en cas de poursuite judiciaire sont les suivantes :

  • Jusqu’à 3 ans d’emprisonnement.
  • Jusqu’à 300 000 € d’amende pour reproduction ou diffusion sans accord.
  • Jusqu’à 500 000 € pour les cas aggravés (revente, organisation collective).

Même sans poursuite, un acte avéré de plagiat peut nuire à la réputation d’un étudiant ou d’un professionnel, et bloquer l’accès à certains concours, financements ou postes à responsabilité.